Les gouvernements libéraux comme les
socio-démocrates, à l’intérieur du système capitaliste, mènent des politiques
économiques identiques bâties, sur le même postulat monétariste qui prône un
marché sans entrave. Les performances technologiques dynamisent la
productivité, font baisser les coûts de production, et accroissent les marges
des entreprises sur les biens et les services. Cette modernisation de
l’économie devrait entraîner une stimulation du pouvoir d’achat, ouvrir de
nouveaux marchés et créer de l’emploi. Or, cette logique qui a fonctionné
pendant longtemps, en dehors de la crise des années 20, est mise à mal par
cette troisième révolution industrielle. Les dirigeants politiques continuent à
croire à l’effet de percolation quant tout prouve que cette économie ne
fonctionne entraînant la fin d’un système capitaliste productiviste. Les
nouvelles technologies du XXIème siècle sont de plus en plus économes en
travail humain, et cette tendance va continuer de croître avec la
généralisation de l’omniprésence de la machine et du robot. Dans un monde
technologique, aux matières premières limitées, l’augmentation de la
productivité, comme nous n’en avons jamais connue, n’a plus besoin de
travailleurs. Des millions d’actifs restent sur le bord de la route. Les gains
de productivité ne mènent plus à davantage de loisirs mais plutôt à des files
de chômeurs sans fin. Les multinationales ne cèderont pas sur les gains de
productivité sans une pression des peuples et nous pouvons craindre que les
politiques ne soient trop faibles pour la faire. Elles ne partageront pas et
pourtant sans cela elles s’écrouleront à un moment ou un autre, soit d’un tissu
social désintégré, soit d’une réussite de leurs objectifs (domination des
marchés, fin de la pénurie, coût marginal zéro). Nous reviendrons dans un
prochain chapitre sur cette situation paradoxale : l’économie capitaliste
sera son propre fossoyeur.
Trop d’actifs sont exclus du marché du
travail pour maintenir une demande importante. Le système est aujourd’hui vicié.
Depuis le début de l’ère industrielle, on a réussi à amortir le chômage par une
baisse continue de la durée du temps de travail, et c’est au moment où les
gains de productivité sont les plus importants que l’on nie la nécessité de
continuer sur cette voie. La raison avancée par nos responsables politiques est
la lutte contre la concurrence internationale, un dumping social qui n’est pourtant
pas la raison principale de la montée inexorable du chômage. La peur de l’autre
est plus facile à développer pour faire accepter la situation de l’emploi que
de reconnaître sa raison profonde : la volonté de quelques uns de profiter
de la productivité pour accroître leurs gains.