La
politique de l’offre poursuivie par Manuel Valls ne permet ni de soutenir la
demande à court terme, ni d’élever le potentiel de croissance à long terme. Quel
est l’objectif de ce gouvernement de gauche qui relance une politique appartenant
aux années 80 du Président américain Ronald Reagan ? La théorie veut que
dans une économie peu compétitive, la priorité soit donnée aux entreprises pour
qu’elles produisent davantage de produits et de services, et ceci afin d’obtenir
une croissance élevée à moyen et long terme. Pour concrétiser cette politique
de l’offre, le gouvernement doit réaliser des économies budgétaires pour les
redistribuer vers les entreprises par un allègement de leur fiscalité. Ainsi,
elles seront plus compétitives pour investir et embaucher. D’après la loi de
Say, l’offre crée sa propre demande. Toutefois la politique de l’offre n’a
jamais été au rendez-vous des plus démunis. Elle a surtout augmenté les
inégalités en favorisant les plus riches parce que la valeur créée n’est pas
répartie équitablement, elle l’est au profit exclusif des entreprises.
Il est
illusoire de vouloir opposer la politique de l’offre et celle de la demande car
elles visent le même objectif à moyen terme, permettre aux entreprises de faire
des bénéfices puis de recruter. En refusant la politique de l’offre, nous avons
tendance naturellement à privilégier la politique de la demande tout en
connaissant les limites de celle-ci. Cette politique peut être délicate dans un
environnement économique où la compétitivité des entreprises n’est pas au
rendez-vous. Elle donne la priorité à la relance économique en favorisant la
consommation, et par contrecoup bénéficie aux entreprises par une hausse de la
demande. On se rend compte que dans les deux cas on part du principe que les
entreprises, retrouvant des marges, investiront puis embaucheront. Cette
automaticité est aujourd’hui fausse, les entreprises n’ont plus besoin de
recruter pour produire davantage et en tirer des bénéfices supplémentaires et
la demande sert surtout à importer des pays d’Asie. Elle cause des déficits
sans générer d’emplois. Il est essentiel de se convaincre que ces théories ne
répondent plus à notre société développée. Sortons de cette idolâtrie qui
oppose les entrepreneurs aux autres citoyens. L’amélioration de la
compétitivité de nos entreprises vis à vis de leurs concurrentes européennes
est compréhensible, mais le choix du gouvernement sacrifie une nouvelle fois
l’emploi et les services publics et n’engage pas la France sur le chemin de la Troisième
Révolution Industrielle. L’environnement européen qui frôle la stagnation ne
sera pas en mesure de porter une nouvelle capacité exportatrice de nos
entreprises et ne leur donnera pas les moyens de recruter. Il est temps
d’annoncer clairement que la croissance n’est plus incontournable pour que le
progrès soit continu.