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mercredi 11 février 2015

Chapitre 2 suite : Le progrès est-il infini ?

En 2014, le « Global Overshoot Day » était le 20 août, ce jour là nous avons atteint la consommation des ressources naturelles que la planète peut produire par an sans compromettre leur renouvellement. Selon l’ONG Global Footprint Network, c’est au début des années 1970 que l’Humanité a dépassé pour la première fois ses capacités de renouvellement. Aujourd’hui, le Japon aurait besoin de 7,1 Japonais pour subvenir à ses besoins en matière de consommation, la France n'est quand à elle 1,6 Français. Il est logique d’étudier les conséquences de la croissance sur notre écosystème et son corollaire qu’est le progrès pour ne pas accentuer cette catastrophe environnementale.
Dans notre société capitaliste, le progrès, très souvent étudié sous un angle quantitatif et scientiste, se développe de façon de plus en plus complexe et incontournable. Nous pouvons difficilement imaginer notre société délaissant le progrès, il faut simplement mieux le maîtriser. Le domaine des découvertes scientifiques est loin d’être exploré, il est fort peu probable que la fin de la science soit atteinte au cours de ce siècle. Nous avons commencé à explorer l’infiniment petit et l’infiniment grand et notre état de développement ne nous permet pas de savoir où et quand tous ces progrès vont s’interrompre. Par exemple, on s’attend à voir la puissance informatique être multipliée par un million d’ici vingt ans (l’ordinateur le plus puissant fait 33 millions d’opérations par seconde, il en sera 1 milliard de milliards avant 2020 et 1000 milliards avant 2030, ce qui est nécessaire pour analyser le génome, l’ADN entier d’un individu). L’Homme a encore une très grande marge d’action. Si nous considérons que nous sommes dans une structure finie, la complexité des lois de fonctionnement reste infinie. Cette affirmation n’étonnera pas les joueurs d’échecs qui, à partir d’un échiquier de 64 cases, continuent à imaginer des combinaisons malgré tous les travaux déjà publiés.
A notre modeste échelle d’être humain du XXIème siècle, nous pouvons considérer que le progrès est infini, mais alors… vers quel type de progrès devons-nous aller ? Si l’apparition de nouveaux métiers, l’accroissement des échanges économiques, culturels et scientifiques sont positifs, l’augmentation de la dangerosité pour la Planète, la destruction de son écosystème, le creusement des inégalités et la gouvernance technocratique des Etats ne peuvent nous laisser indifférents. Nous devons en permanence remettre en question nos acquis mais aussi intégrer que le progrès n’est pas automatiquement synonyme de bonheur.
Le capitalisme a réussi à créer de plus en plus de besoins s’appuyant sur le fait que l’être humain est en perpétuel état de transformation. Il a réussi ce magnifique tour de passe-passe de produire toujours plus de biens en aménageant la rareté pour maximiser les profits. Nous vivons dans une société où le sentiment de misère, de déclassement, d’exclusion est de plus en plus fort, et pourtant jamais le monde n’a été aussi riche, aussi pacifique, aussi peu malade malgré un terrorisme de plus en plus planétaire. En ce début de millénaire, nous découvrons enfin les moyens de dompter une nature hostile, mais il nous faut aussi espérer mieux maîtriser les conséquences des progrès engendrées par l’intelligence humaine. Nous devons être toujours plus vigilants et plus conscients de la dangerosité de l’Humanité pour elle-même et pour la Nature.
Si la robotisation et l’automatisation de la société sont inéluctables, le nombre de chômeurs va de nouveau exploser dans les dix prochaines années. Tous les secteurs des services vont être touchés, à l’exception de l’éducation, de la santé et de la culture. La machine va remplacer l’homme beaucoup plus vite que ce que les plus pessimistes avaient imaginé. Ces robots tueurs d’emplois, exemple de progrès par excellence, vont participer à la fragilisation du système capitaliste. Et pourtant ce progrès est inéluctable quel que soit le système économique dans lequel il se produit. Une étude du cabinet Roland Berger précise que le besoin en investissement sera de l’ordre de 60 milliards d’euros pour les entreprises françaises d’ici 2025 mais que la dégradation de l’emploi sera de plus de  3 millions d’actifs. Preuve supplémentaire que le Pacte de stabilité du gouvernement est très éloigné de la réalité. Il faudra bien se poser la question de l’emploi autrement qu’en terme d’indemnisation. Le chômage technologique est une réalité intangible qu’il va falloir résoudre par une approche autre que capitalistique.
Comment amortir cette déflagration économique ? Bâtissons une nouvelle Utopie, c’est aussi cela le Progrès. Nous ne pouvons pas enfermer l’Homme dans la seule dimension économique, la prochaine étape collective est de dépasser l’Homo economicus. Il est par conséquent indispensable de créer un électrochoc auprès de nos concitoyens, de les sensibiliser aux enjeux des décennies à venir pour qu’ils participent activement auà ce projet politique nouveau qui devra faire une place à un progrès conçu dans une dimension autre qu’économique.

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