En
2014, le « Global Overshoot Day » était le 20 août, ce jour
là nous avons atteint la consommation des ressources naturelles que la planète
peut produire par an sans compromettre leur renouvellement. Selon l’ONG Global
Footprint Network, c’est au début des années 1970 que l’Humanité a dépassé pour
la première fois ses capacités de renouvellement. Aujourd’hui, le Japon aurait
besoin de 7,1 Japonais pour subvenir à ses besoins en matière de consommation, la
France n'est quand à elle 1,6 Français. Il est logique d’étudier les
conséquences de la croissance sur notre écosystème et son corollaire qu’est le
progrès pour ne pas accentuer cette catastrophe environnementale.
Dans
notre société capitaliste, le progrès, très souvent étudié sous un angle
quantitatif et scientiste, se développe de façon de plus en plus complexe et incontournable.
Nous pouvons difficilement imaginer notre société délaissant le progrès, il
faut simplement mieux le maîtriser. Le domaine des découvertes scientifiques
est loin d’être exploré, il est fort peu probable que la fin de la science soit
atteinte au cours de ce siècle. Nous avons commencé à explorer l’infiniment
petit et l’infiniment grand et notre état de développement ne nous permet pas
de savoir où et quand tous ces progrès vont s’interrompre. Par exemple, on
s’attend à voir la puissance informatique être multipliée par un million d’ici
vingt ans (l’ordinateur le plus puissant fait 33 millions d’opérations par
seconde, il en sera 1 milliard de milliards avant 2020 et 1000 milliards avant
2030, ce qui est nécessaire pour analyser le génome, l’ADN entier d’un individu).
L’Homme a encore une très grande marge d’action. Si nous considérons que nous
sommes dans une structure finie, la complexité des lois de fonctionnement reste
infinie. Cette affirmation n’étonnera pas les joueurs d’échecs qui, à partir
d’un échiquier de 64 cases, continuent à imaginer des combinaisons malgré tous
les travaux déjà publiés.
A notre
modeste échelle d’être humain du XXIème siècle, nous pouvons considérer que le
progrès est infini, mais alors… vers quel type de progrès devons-nous
aller ? Si l’apparition de nouveaux métiers, l’accroissement des échanges
économiques, culturels et scientifiques sont positifs, l’augmentation de la
dangerosité pour la Planète, la destruction de son écosystème, le creusement
des inégalités et la gouvernance technocratique des Etats ne peuvent nous
laisser indifférents. Nous devons en permanence remettre en question nos acquis
mais aussi intégrer que le progrès n’est pas automatiquement synonyme de
bonheur.
Le
capitalisme a réussi à créer de plus en plus de besoins s’appuyant sur le fait
que l’être humain est en perpétuel état de transformation. Il a réussi ce
magnifique tour de passe-passe de produire toujours plus de biens en aménageant
la rareté pour maximiser les profits. Nous vivons dans une société où le
sentiment de misère, de déclassement, d’exclusion est de plus en plus fort, et
pourtant jamais le monde n’a été aussi riche, aussi pacifique, aussi peu malade
malgré un terrorisme de plus en plus planétaire. En ce début de millénaire, nous
découvrons enfin les moyens de dompter une nature hostile, mais il nous faut
aussi espérer mieux maîtriser les conséquences des progrès engendrées par
l’intelligence humaine. Nous devons être toujours plus vigilants et plus
conscients de la dangerosité de l’Humanité pour elle-même et pour la Nature.
Si la
robotisation et l’automatisation de la société sont inéluctables, le nombre de
chômeurs va de nouveau exploser dans les dix prochaines années. Tous les
secteurs des services vont être touchés, à l’exception de l’éducation, de la
santé et de la culture. La machine va remplacer l’homme beaucoup plus vite que
ce que les plus pessimistes avaient imaginé. Ces robots tueurs d’emplois,
exemple de progrès par excellence, vont participer à la fragilisation du
système capitaliste. Et pourtant ce progrès est inéluctable quel que soit le
système économique dans lequel il se produit. Une étude du cabinet Roland
Berger précise que le besoin en investissement sera de l’ordre de 60 milliards
d’euros pour les entreprises françaises d’ici 2025 mais que la dégradation de
l’emploi sera de plus de 3 millions
d’actifs. Preuve supplémentaire que le Pacte de stabilité du gouvernement est
très éloigné de la réalité. Il faudra bien se poser la question de l’emploi
autrement qu’en terme d’indemnisation. Le chômage technologique est une réalité
intangible qu’il va falloir résoudre par une approche autre que capitalistique.
Comment
amortir cette déflagration économique ? Bâtissons une nouvelle Utopie,
c’est aussi cela le Progrès. Nous ne pouvons pas enfermer l’Homme dans la seule
dimension économique, la prochaine étape collective est de dépasser l’Homo
economicus. Il est par conséquent indispensable de créer un électrochoc auprès
de nos concitoyens, de les sensibiliser aux enjeux des décennies à venir pour
qu’ils participent activement auà ce projet politique nouveau qui devra faire
une place à un progrès conçu dans une dimension autre qu’économique.
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