La transition vers une société
post-industrielle exige selon Ivan Illich un triple renoncement : à la
surpopulation, à la surabondance et au surpouvoir. Par conséquent, il semble
évident qu’il y ait un renversement complet des institutions qui régissent nos
économies, et que celles-ci soient au service de la société et non l’inverse.
Nous devons créer une dynamique, stimuler une coopération et inventer une
nouvelle frontière.
L’Homme a travaillé la terre, puis la
matière et maintenant ? Nous allons entrer dans une ère industrielle
décentralisée. L’économie latérale se manifeste par des coopérations numériques
et des innovations énergétiques. Jeremy Rifkin affirme que « l’économie
moderne de marché et l’Etat-Nation servirent à leur tour de mécanismes
institutionnels à l’accélération de cette réorganisation du monde. Le marché
allait être l’arène impartiale dans laquelle chaque capitaliste lutterait
contre les autres afin de capturer l’espace et séquestrer le temps sous forme
de propriété privée. L’Etat-Nation émergent avait pour mission de protéger la
propriété de chacun en établissant des codes juridiques et des mécanismes
d’application – garantissant dans le même temps la liberté individuelle. »
(« Le rêve européen » p.189) Cette
société post-industrielle va se démarquer de l’Etat-Nation car il ne peut plus satisfaire
la demande de sens des nouvelles générations qui veulent au plus vite trouver
des réponses aux trois questions suivantes : Quelle démocratie ?
Que faire de la science ? Quelle place au travail ?
L’économie de marché et son corollaire
l’Etat-Nation ne sont pas prêts à faire face à cette société post-industrielle
stimulée par la révolution des communications. La vitesse de l’information, de
l’ordre de la nano seconde, n’est pas adaptée au système économique
capitalistique. Cette accélération du rythme des communications va faire naître
de nouveaux systèmes économiques et financiers, et de nouvelles institutions
politiques. Les mécanismes du marché sont dépassés, inadaptés, obsolètes… D’après
Jeremy Rifkin, « Le temps écoulé entre la concrétisation d’un échange et
le début du suivant représente une perte de productivité et un coût économique
accru qui finissent par rendre les marchés en question obsolète. » (« Le rêve européen» p.236) Que
devient la notion de propriété d’un bien ou d’un service qui a pu changer de
main des centaines de fois dans la même seconde ? Le coût de la
transaction est quasiment nulle, les marges sont donc inexistantes et les échanges ne sont plus une
raison de faire des affaires. La possession perd tout intérêt. Les marchés sont
remplacés par les réseaux dont l’activité est partagée pour aboutir à une
relation de « gagnant-gagnant ». Acquérir la liberté n’est plus
synonyme de possession mais d’appartenance, c’est à dire d’accès à l’information,
à la connaissance.
Le numérique met fin à l’économie de la
rente. Thierry Maillet, vice-président et fondateur du site Ooshot.com, la première
plateforme collaborative de réservation de photographes, insiste sur la
dimension économique du numérique : « la plateforme numérique est la
réinvention de la place du marché du Moyen-Age ». Cette nouvelle expansion
crée de nouveaux marchés en donnant la possibilité d’entreprendre avec un
minimum de capital et d’infrastructure. L’élément central pour passer d’une
économie capitaliste à une économie collaborative dans le cadre d’une société
post-industrielle. En générant des baisses de coût, nous devrions assister à la
fin de l’économie de la rente si naturellement ces bénéfices sont redistribués
équitablement ce qui n’est plus le cas depuis plusieurs décennies. Le numérique
favorise les rencontres entre l’offre et la demande à travers les plateformes
de marché. C’est une façon plus communautaire de fixer une valeur à un produit
ou à un service. Le numérique est un formidable levier d’autonomie
professionnelle et à terme de fin probable du salariat. Il est donc urgent de
repenser nos régimes sociaux. Certains affirmeront alors, mais pour d’autres
raisons, qu’il est temps de passer aux assurances privées. C’est une fausse
bonne idée car elle accentuerait la casse sociale. Une tout autre réflexion
doit être engagée, en particulier avec l’instauration du revenu d’existence. Le
salariat, comme le capitalisme, n’aura été qu’un moment de l’histoire de
l’humanité.
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