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lundi 16 mars 2015

Chapitre 4 suite : Le coût marginal zéro et les investissements


Le capitalisme a déjà connu de nombreuses crises mais il s’est à chaque fois relevé. Et, sans prédire sa disparition prochaine Jeremy Rifkin nous annonce qu’il va devoir se spécialiser en partageant le gâteau avec une autre économie, l’économie collaborative ou les « communaux collaboratifs (en anglais « collaborative commons »). Nous reviendrons sur ce nouveau type d’organisation économique dans un prochain chapitre.
La logique capitalistique est d’améliorer la productivité afin de réduire les coûts de production et ainsi d’engendrer toujours plus de profits. La réussite est totale, la domination des marchés est incontestée, la fin de la pénurie est inéluctable et la mutation technologique tend vers un coût marginal zéro. Celui-ci est le coût de production d’un objet ou d’un service additionnel une fois les coûts fixes absorbés. Les capitalistes ne vont plus pouvoir, comme ils l’ont si bien fait pendant deux siècles, paralyser le progrès technique afin de reconstituer leurs marges et maintenir un chômage salutaire. Si le coût marginal est proche de zéro, les entreprises qui se rémunèrent essentiellement sur celui-ci voient leurs profits disparaître, interdisant alors toute rémunération des actionnaires et tout investissement. Les plus grands théoriciens économistes avaient prévu cette fin en raison de ses contradictions originelles. Toutefois, grâce à sa concentration, le capitalisme va résister pour sa survie en devenant un capitalisme de niche. Nous allons traverser des zones de turbulence, surtout qu’il va nous falloir trouver des moyens compensateurs pour investir, condition indispensable pour innover. Il est évident que cet argument va être utilisé pour faire admettre aux citoyens l’impérieuse nécessité de maintenir une économie capitaliste.
Quelque soit la société que nous allons nous donner, les investissements qu’ils soient immatériels (formation, recherche, éducation, accompagnement au changement) ou matériels (énergies renouvelables, rénovation thermique, mobilité bas carbone, urbanisme restructuré, agriculture durable) sont essentiels pour préparer l’avenir et la IIIème Révolution Industrielle. Que faire avec une économie capitaliste qui préfère les marchés financiers pour compenser son manque de profitabilité et une économie collaborative sans moyen financier ? La puissance publique ne peut se désintéresser de cette priorité, elle doit donner confiance aux citoyens-entrepreneurs et insuffler une ambition collective en matière d’éducation et de filières industrielles nécessaires aux transitions énergétique et numérique. Elle doit retrouver des marges de manœuvre financières qu’elle n’a plus (endettement public, blocage européen), quitte à laisser filer le déficit s’il est réellement orienté vers l’investissement. Nouvelle Donne a par exemple proposé que la dette ancienne soit remboursée par l’intervention de la Banque Centrale Européenne qui prêterait aux Etats à taux 0.
Evitons un rapport de force entre un système capitaliste dominateur mais sans perspective d’avenir et des citoyens prolétarisés mais libérés de « l’AVOIR » à travers lequel bien des tourments jailliraient. Espérons que ces forces aux intérêts divergents agiront avec un comportement win-win. C’est la condition pour éviter un chaos comme on n’en a jamais vu. Nous devons modifier nos comportements agressifs et prédateurs sans quoi nous courrons à notre perte. Confiant en notre capacité à dominer nos démons destructeurs, Jeremy Rifkin nous rappelle que « nous entrons dans un monde partiellement au-delà des marchés, où nous apprenons à vivre ensemble, toujours plus interdépendants, sur un communal collaboratif mondial. » (« La nouvelle société du coût marginal zéro » p.10)

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