On
retrouve une nouvelle fois la confiance dans le développement de l’économie
sociale et solidaire. A partir du moment où l’argent n’est plus le déterminant
de la relation entre deux acteurs, il faut s’appuyer sur des éléments plus
vertueux et plus engageants. La réputation entre les membres d’une même
communauté est le viatique pour assurer la pérennité de la démarche. Si
l’économie sociale se doit d’être réglementée par l’Etat, elle ne peut exister
que par la valorisation de ses acteurs au quotidien. C’est un secteur
d’activité déjà très fortement implanté dans notre économie. Par exemple, en
2011 dans la Région Centre, elle représentait 12% de l’emploi privé, plus de 82
000 emplois, près de 10 000 établissements employeurs et près de deux milliards
de rémunérations brutes. Dans l’agglomération d’Orléans, plus de 13 000
salariés dépendent de l’économie solidaire. Et pourtant nous sommes loin
d’autres pays qui ont une tradition coopérative forte, par exemple au Canada 4
habitants sur 10 et en Allemagne 1 sur 4 travaillent dans cette économie
sociale et solidaire. On estime à 120 millions de salariés dans le Monde.
Aux
Etats-Unis, 70 000 personnes sont employées dans des coopératives
électriques rurales pour couvrir 75 % du territoire et commercialiser 11 % des
kw/h. Qu’attendons-nous pour en faire autant ? C’est une preuve
supplémentaire qu’il existe une place majeure entre une économie libérale et une
économie étatique. L’entreprise sociale intervient tout autant dans les
secteurs à but lucratif que non lucratif. Elle est créatrice de valeur, mais
une valeur qui n’est pas que financière. Elle est aussi sociale, écologique et
culturelle. C’est le refus de l’argent roi, le refus de l’accumulation pour
l’accumulation. Claude Alphandéry donne la définition
suivante : « L’économie sociale, c’est des entreprises de personnes
qui ont choisi de diriger collectivement et démocratiquement leur entreprise.
Les bénéfices sont répartis équitablement entre tous ou réinvestis. Ils ne
rémunèrent pas le capital investi. » C’est un vecteur d’émancipation qui
réconcilie l’Homme et l’économie. Un Homme qui revient au centre du système
économique, qui cherche à concilier travail et plaisir comme le défendait
Fourier.
Aujourd’hui encore
l’économie sociale et solidaire reste un instrument de lutte contre le chômage,
d’insertion car elle s’adresse avant tout aux emplois peu qualifiés. L’économie
collaborative va bouleverser cette donne en produisant et généralisant une
valeur d’usage. Ce n’est plus un sas vers le retour à l’emploi mais vers une
nouvelle forme d’organisation où les valeurs de tolérance, d’honnêteté, de
responsabilité sociale et d’altruisme prédominent. Il n’est plus question de
charité, de compassion mais de réussite, de partage équitable des bénéfices et
de travail.
Les entreprises de
l’économie sociale et solidaire, qu’il ne faudra peut-être plus appelée
solidaire dans quelques années résistent mieux en temps de crise ou de mutation
parce qu’elles ne sont pas délocalisables et ne sont pas obnubilées par les
profits. Faut-il alors supprimer les profits afin que les entreprises se
consacrent aux priorités sociales et environnementales ? Certainement pas,
si le résultat financier n’est pas l’alpha et l’omega de l’entreprise et si les
profits sont prioritairement réinvestis. Une réponse est d’ailleurs donnée par
les « benefit corporations » qui sont des entreprises
sur le marché capitaliste avec des actionnaires, mais qui sont protégées dans leurs actions
vis-à-vis de l’environnement et du social. Les coopératives pourraient être le
type d’entreprises le plus répandu à l’avenir, il existe avec elles un modèle
qui a prouvé sa capacité à fonctionner. Il est temps que l’économie se mette au
service de la société et non l’inverse comme aujourd’hui.
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