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mardi 21 avril 2015

Chapitre 6 suite : L'économie sociale et solidaire


On retrouve une nouvelle fois la confiance dans le développement de l’économie sociale et solidaire. A partir du moment où l’argent n’est plus le déterminant de la relation entre deux acteurs, il faut s’appuyer sur des éléments plus vertueux et plus engageants. La réputation entre les membres d’une même communauté est le viatique pour assurer la pérennité de la démarche. Si l’économie sociale se doit d’être réglementée par l’Etat, elle ne peut exister que par la valorisation de ses acteurs au quotidien. C’est un secteur d’activité déjà très fortement implanté dans notre économie. Par exemple, en 2011 dans la Région Centre, elle représentait 12% de l’emploi privé, plus de 82 000 emplois, près de 10 000 établissements employeurs et près de deux milliards de rémunérations brutes. Dans l’agglomération d’Orléans, plus de 13 000 salariés dépendent de l’économie solidaire. Et pourtant nous sommes loin d’autres pays qui ont une tradition coopérative forte, par exemple au Canada 4 habitants sur 10 et en Allemagne 1 sur 4 travaillent dans cette économie sociale et solidaire. On estime à 120 millions de salariés dans le Monde.
Aux Etats-Unis, 70 000 personnes sont employées dans des coopératives électriques rurales pour couvrir 75 % du territoire et commercialiser 11 % des kw/h. Qu’attendons-nous pour en faire autant ? C’est une preuve supplémentaire qu’il existe une place majeure entre une économie libérale et une économie étatique. L’entreprise sociale intervient tout autant dans les secteurs à but lucratif que non lucratif. Elle est créatrice de valeur, mais une valeur qui n’est pas que financière. Elle est aussi sociale, écologique et culturelle. C’est le refus de l’argent roi, le refus de l’accumulation pour l’accumulation. Claude Alphandéry donne la définition suivante : « L’économie sociale, c’est des entreprises de personnes qui ont choisi de diriger collectivement et démocratiquement leur entreprise. Les bénéfices sont répartis équitablement entre tous ou réinvestis. Ils ne rémunèrent pas le capital investi. » C’est un vecteur d’émancipation qui réconcilie l’Homme et l’économie. Un Homme qui revient au centre du système économique, qui cherche à concilier travail et plaisir comme le défendait Fourier.
Aujourd’hui encore l’économie sociale et solidaire reste un instrument de lutte contre le chômage, d’insertion car elle s’adresse avant tout aux emplois peu qualifiés. L’économie collaborative va bouleverser cette donne en produisant et généralisant une valeur d’usage. Ce n’est plus un sas vers le retour à l’emploi mais vers une nouvelle forme d’organisation où les valeurs de tolérance, d’honnêteté, de responsabilité sociale et d’altruisme prédominent. Il n’est plus question de charité, de compassion mais de réussite, de partage équitable des bénéfices et de travail.
Les entreprises de l’économie sociale et solidaire, qu’il ne faudra peut-être plus appelée solidaire dans quelques années résistent mieux en temps de crise ou de mutation parce qu’elles ne sont pas délocalisables et ne sont pas obnubilées par les profits. Faut-il alors supprimer les profits afin que les entreprises se consacrent aux priorités sociales et environnementales ? Certainement pas, si le résultat financier n’est pas l’alpha et l’omega de l’entreprise et si les profits sont prioritairement réinvestis. Une réponse est d’ailleurs donnée par les « benefit corporations » qui sont des entreprises sur le marché capitaliste avec des actionnaires, mais  qui sont protégées dans leurs actions vis-à-vis de l’environnement et du social. Les coopératives pourraient être le type d’entreprises le plus répandu à l’avenir, il existe avec elles un modèle qui a prouvé sa capacité à fonctionner. Il est temps que l’économie se mette au service de la société et non l’inverse comme aujourd’hui.

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