6.
La révolution collaborative, une chance pour nos enfants
L’économie du partage / L’économie sociale
et solidaire / Les prosommateurs arrivent ! / Les communaux / L’esprit
d’entreprise, une valeur à partager / L’économie positive à surtout ne pas
négliger/
L’économie
du partage
Dans
un contexte de crise et de tension budgétaire, il est urgent de redonner du
lien et de la cohésion sociale. Nous sommes dans
une phase de transition entre un monde qui se meurt et un autre qui cherche à
vivre, et pour beaucoup à survivre. De plus en plus de personnes ne croient
plus au monde productiviste, soit parce qu’ils ont été exclus, soit parce
qu’ils s’en sont retiré avant qu’il ne soit trop tard, tous veulent vivre plus
librement quitte à prendre des risques. Un autre mode de consommation, un mode
de vie moins stressant, une logique de partage dans le cadre de circuits courts
voit le jour. Il se développe une échappatoire à une vie manquant de sens. Il est urgent de se donner les moyens de satisfaire ces
besoins de consommation autrement, en intensifiant l’usage des ressources. Les
nouvelles générations sont beaucoup moins attachées à la propriété, ils sont
plus sensibles à l’appartenance à un réseau de partage. La « Sharing economy » valorise les
logiques de l’accès au service (covoiturage, achats groupés, colocation,…) au
détriment des logiques de propriété. Cette avant-garde privilégie
l’ « être » à l’ « avoir », l’usage à la
possession. Une économie qui rend au consommateur son rôle d’acteur, il
co-construit et co-crée dans une logique partenariale et au plus près. Le nouveau modèle de collaboration libre permet aux humains
de continuer à s’épanouir en dehors du monde du travail actuel.
Allons-nous assister à la disparition de
l’économie centralisée, hiérarchique et propriétaire de son écosystème où les
grandes organisations font la loi ? Le déclin du capitalisme est engagé en
raison de ses excès et va entraîner une transformation en profondeur de
l’économie mondiale, malgré les maîtres du monde qui vont tout faire pour
ralentir ce phénomène. Cette économie productiviste va se trouver en
concurrence avec les mouvements collaboratifs qui redonnent du pouvoir à
l’entrepreneur et à la production à petite échelle. L’économie contributive (ou
collaborative) peut développer une activité industrielle qui s’appuie sur des
communautés et le développement libre du savoir. L’économie du partage rappelle
le début de l’Internet où tout n’était que recherche et désintéressement. Le
succès de cette économie collaborative ne sera effective qu’à la seule
condition qu’elle ne soit pas récupérée par le consumérisme. Il existe une
économie contributive toxique symbolisée par des sociétés comme Facebook.
D’autres acteurs sont à la croisée des chemins : Uber (service de voitures
avec chauffeur) vaut en 2014 3,5 milliards de $ cinq ans après sa naissance,
Airbnb (hôtelier virtuel) vaut 10 milliards de $, Blablacar, … Sont-ils encore
dans cet esprit collaboratif ou sont-ils des capitalistes qui ont trouvé
un nouveau filon ? Les sites de
partage voient leurs revenus exploser grâce en partie à la crise et au chômage.
De nombreuses personnes sont tentées par ces revenus complémentaires non par
conviction mais par nécessité. Elles louent tout ce qui peut intéresser un
tiers en faisant bénéficier à ces nouveaux intermédiaires de confortables
royalties. Certains peuvent regretter cette marchandisation de l’espace privé
qui n’est qu’une conséquence de notre addiction consommatrice. Cette économie
du partage est une évolution positive qui prendra de longues années avant
d’être réellement une concrétisation d’une société conviviale et responsable. En
attendant ces nouveaux acteurs de l’intermédiation doivent nous montrer qu’ils
sont en parfaite adéquation avec le discours qu’ils prônent à leurs
bénéficiaires. Leur croissance rapide, répondant à un réel besoin, ne peut se
concrétiser qu’en recherchant des financements de plus en plus importants. Il
serait sain que ces capitaux proviennent d’un financement participatif et non
de banques d’affaires car une partie des revenus de cette économie
collaborative enrichit alors le capital privé aux dépens des communaux. Ce n’est
pas une raison de les condamner car ils participent à la transition dans
laquelle nous nous situons. Ils transforment les mentalités et éveillent les
consciences en incitant les consommateurs à devenir des consomm’acteurs. Toutefois il est
urgent de réguler cette économie afin de ne pas accentuer une marchandisation contraire
aux valeurs de partage. Ne sacrifions une belle idée pour enrichir quelques uns
ou accélérer un processus de croissance qui ne le nécessite pas forcément.
Cette intermédiation est pour le moment nécessaire, il n’en sera peut-être plus
de même lorsque les individus seront devenus des consomm’acteurs majeurs. L’économie
collaborative est une économie du partage et non du business. N’en faisons pas
le nouvel eldorado d’un capitalisme financier revigoré.
Le commerce n’est pas l’élément fondateur
d’une société. Ce sont des éléments comme les valeurs sociales ou la culture.
Toutefois les échanges nécessitent une instrument légal reconnu par la
communauté pour évaluer le travail, le produit ou le service. Dans le système
capitaliste, c’est une monnaie qui fluctue en fonction de la confiance qu’en
ont les marchés. Plus vous avez confiance en la monnaie, plus celle-ci prend de
la valeur. Dans l’économie du partage, cet instrument peut également être une monnaie
et même une micro devise. Si la confiance reste incontournable pour des raisons
de justice dans les échanges, la monnaie ne sera pas variable en fonction de
cette confiance. Elle sera stable de manière permanente. Ne croyant plus au
système actuel, surtout depuis la crise de 2008, de plus en plus de citoyens,
futurs communalistes, se dirigent vers des monnaies alternatives, les SEL (systèmes
d’échanges locaux). Il existe plus de 4000 micro devises dans le monde. Le
bitcoin, qui est la devise la plus connue, a été créé en 2009, indépendant de
toute banque centrale et de toute autorité de régulation. Il permet des
échanges anonymes et sans intermédiaire bancaire.
En avril 2015, il valait 240$ (97,51$ en juillet 2013). 14
millions de bitcoins sont actuellement en circulation. Ces systèmes d’échanges
locaux sont souvent fondés sur le temps de travail et non sur l’expertise. L’intérêt
est de relocaliser les échanges sur un territoire donné ou une communauté. De
ce fait la réussite du bitcoin n’a pas laissé Wall Street insensible, les
investisseurs professionnels voient leur influence grandir au détriment des
particuliers. Le développement de ce marché financier atypique a engendré une
chute de l’utilisation du bitcoin comme monnaie d’échange, la spéculation entraînant
par conséquent un frein à son expansion en tant que devise et remet en question
provisoirement sa spécificité. Sans condamner ces monnaies alternatives, il
serait temps de les protéger des marchés financiers.
D’autres instruments, comme le crowdfunding ou financement participatif, se développent afin de « financer » cette économie collaborative. Ils seront de plus en plus au cœur de notre vie sociale et participeront à la valorisation du capital social des réseaux concernés. La notion de la confiance sera encore plus déterminante dans l’économie du partage pour créer une communauté d’ambassadeurs et attirer de nouveaux consomm’acteurs.
D’autres instruments, comme le crowdfunding ou financement participatif, se développent afin de « financer » cette économie collaborative. Ils seront de plus en plus au cœur de notre vie sociale et participeront à la valorisation du capital social des réseaux concernés. La notion de la confiance sera encore plus déterminante dans l’économie du partage pour créer une communauté d’ambassadeurs et attirer de nouveaux consomm’acteurs.
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