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lundi 1 juin 2015

Chapitre 7 suite : L'énergie territoriale


La politique énergétique de l’Allemagne n’est pas toujours exemplaire, en particulier par son approvisionnement en charbon pour sortir au plus vite du nucléaire, mais ses choix en faveur des énergies renouvelables et de la municipalisation des circuits de distribution sont indiscutables. Les villes de Munich et Francfort ont toujours maîtrisé leur réseau électrique. Dans tout le pays des millions de citoyens ont décidé une production de l’énergie décentralisée basée sur les EnR et s’opposant à une privatisation jugée catastrophique en terme financier et écologique. Il est vrai que les firmes privées investissent difficilement dans les EnR en raison des coûts. Notre système français est très différent car dominé par une entreprise publique EDF qui décide de la politique énergétique de notre pays sans réel contre pouvoir. Depuis 2008 à la Bourse de Leipzig, le prix moyen de l’électricité vendue en gros à baissé de 30%. Qu’en est-il sur nos factures ? La position d’EDF lui permet de ne pas en tenir compte et de nous expliquer que ce prix permet le maintien d’une politique d’investissement. Et si nous réfléchissions autrement… Pour quelle raison nous ne pourrions pas territorialiser notre politique de production et de distribution électrique ? C’est la seule façon de pouvoir sortir du nucléaire en France et d’effectuer une mutation en faveur des EnR en moins de deux décennies. Cette décision provoquerait une catastrophe financière et sociale pour EDF mais tellement favorable au climat. C’est une nouvelle fois une simple question de volonté politique et démocratique. Cette position ne remet pas en cause la nécessité d’une politique publique de l’énergie, elle ne fait que la décentraliser afin d’être au plus près des besoins des habitants, de choisir la meilleure origine de production et éviter des gaspillages en particulier pendant le transport. Il est évident que tout doit être fait pour financer ces programmes énergétiques territoriaux. De nombreuses initiatives fort diverses sont en cours, en Région Centre avec la filière bois énergie, dans la Manche avec l’éolien offshore ou dans la Région du Nord Pas de Calais avec le chantier de la Troisième Révolution Industrielle. Il n’est pas vain d’affirmer que l’avenir de l’Homme est en jeu pour éviter un réchauffement climatique incontrôlé et destructeur de nombreux territoires dans le monde. Et si la France est relativement protégée pas ces phénomènes climatiques, elle se doit de montrer l’exemple en raison des responsabilités qu’elle doit assumer avec les autres pays développés.
Depuis le 1er juillet 2004, la France a ouvert son marché de l’électricité à la concurrence pour la distribution à des structures professionnelles. Face à cette libéralisation des acteurs de l’économie sociale et solidaire se sont regroupés pour proposer un autre modèle moins énergivore autour des ambitions suivantes : promouvoir les énergies renouvelables, défendre la maîtrise de la consommation d’énergie, décentraliser la production et offrir à chaque citoyen la possibilité de s’approprier l’accès à l’énergie. Le projet de la coopérative Enerccop était né. Aujourd’hui il regroupe plus de 11 000 sociétaires et distribue de l’électricité à plus de 18 000 consommateurs. Le résultat est certes modeste mais la preuve que cela fonctionne malgré les restrictions qui existent encore aussi bien d’un point de vue politique que technologique. Il est temps de passer à la vitesse supérieure et de répéter ce modèle dans tous les territoires de France en s’appuyant sur les collectivités locales et les citoyens. Toutefois le système n’est pas encore satisfaisant car si l’adhésion à Enercoop permet de favoriser le développement des EnR, elle ne permet pas de s’approvisionner en EnR près du lieu de consommation. Un nouveau cadre législatif est nécessaire pour lier production – distribution et consommation.
La déconcentration des politiques de production et de distribution de l’énergie est très favorable aux collectivités territoriales. Sur le plan économique, ces retombées génèrent des revenus fiscaux, la mobilisation de main d’œuvre de proximité et l’animation du territoire. Sur le plan politique, c’est une prise de conscience démultipliée de l’importance de l’énergie dans nos vies, et la faculté de tout à chacun d’être davantage responsable en renforçant l’efficacité énergétique. N’oublions pas qu’il est essentiel que nous baissions notre consommation énergétique quelque soit son origine (-20% d’ici 2030). Cette sage décision politique est une nouvelle fois en contradiction avec des taux de croissance supérieurs à 2%.

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