Le
combat des intermittents du spectacle n’est en rien sectoriel ou catégoriel. Depuis quelques mois (ou plutôt quelques années !!!)
les intermittents du spectacle se battent pour défendre leur situation face à
la réforme du régime de l'assurance chômage. Au-delà de leurs préoccupations
catégorielles forts légitimes, il existe un vrai problème de société, l'emploi
d'aujourd'hui et de demain. Il nous faut au plus vite appréhender les
transformations du travail à l'heure du nouvel âge industriel dont la
révolution numérique est le moteur.
Nous sommes de plus en plus nombreux à penser que
nous allons vers une société sans emploi, et que dans cette perspective nous assistons à une remise en cause majeure du code du travail, du marché de l’emploi et
le développement généralisé de l'emploi précaire.
De plus en plus
d'actifs vont se retrouver dans la situation des intermittents. Il est évident
que dans la logique actuelle les acteurs de l'Unedic ne peuvent accepter les
revendications des intermittents sans risquer de plonger celle-ci dans une
situation financière catastrophique, et pourtant ce combat est
légitime. Le Medef veut transformer le système mutualisé en un système
capitalisé ce qui est inacceptable. Et dans le même temps l'Etat ne joue pas son rôle. En 2011, les frais de gestion de l’Unedic se sont montés à 6
milliards d’euros, un coût bien supérieur au déficit de l’organisme. Est-il
normal que cela soit les salariés qui financent cet organisme paritaire avec une
délégation de service public ? La fusion de l’Unedic et de l’Assedic en
Pôle Emploi a permis à l’Etat de se retirer sans faire de vagues.
Le régime d’indemnisation chômage coûte cher mais
protège très correctement ceux qui doivent en avoir besoin, et les
intermittents ont un régime qui tient compte de leur spécificité c’est-à-dire
d’une activité précaire et intérimaire. Tel qu’il est organisé, dans le
conteste actuel, ce régime ne peut pas se diversifier comme le souhaitent les
intermittents. Or, de plus en plus d’actifs se retrouvent dans une situation
professionnelle d’intermittent, plus du spectacle mais « de la vraie
vie ». D’un point de vue budgétaire, les partenaires sociaux savent qu’il
ne peut évoluer, il va donc falloir inventer. « Il faut inventer et
développer une protection sociale nouvelle, couvrant le risque d’un sous-emploi
élevé encouru par les salariés dans un système de travail au projet, fragmenté
et discontinu » nous rappelle Edwy Plenel.
35%
de la population active est en situation précaire face à l’emploi (chômeurs,
CDD, intérim, indépendants) et 86% des embauches se réalisent sous la forme de
contrats à courte durée. Le système des intermittents répond parfaitement à la
problématique d’emplois à courte durée, à périodes discontinues et à employeurs
multiples. Nous entrons ainsi dans une approche philosophique mutualiste.
Sans travail salarié, il va falloir imaginer
un nouveau modèle économique. Et pourquoi pas une redistribution contributive,
basée non plus sur le temps de travail mais plutôt sur le modèle des
intermittents du spectacle. Pour accroître les chances de réussite, il va
falloir développer des activités professionnelles qui ont du sens en terme
d’épanouissement.
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